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14 mai 2016 6 14 /05 /mai /2016 08:36
Frédéric BOCCARA, intervention CN du PCF des 16 et 17 janvier

CET ARTICLE A ETE MIS EN LIGNE ICI LE 16 JANVIER 2016. DEPUIS LES LUTTES CONTRE LA LOI-TRAVAIL, LES CONTRE-PROPOSITIONS QUI ONT ETE MISES EN AVANT, entre autres LE PROJET DE LOI DE SECURITE d'EMPLOI et de FORMATION de la COMMISSION ECONOMIQUE DU PCF (-ComEco-, dont les bases et la logique ont été proposées par elle de longue date) CONFIRMENT LA VALIDITE DE cette ANALYSE et de ces PROPOSITIONS et ORIENTATIONS, MAIS AUSSI LE CHEMIN QU'IL RESTE A FAIRE, L'HORIZON QUI PEUT SE DEGAGER, LES POSSIBILITES HEUREUSES QUI S'OUVRENT MALGRE les DIFFICULTES et les DANGERS.

P.A., 14 mai 2016

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Frédéric Boccara, intervention CN du PCF des 16 et 17 janvier

1. Les primaires et nos priorités

Nous avons une question de visibilité, de sens et de prise sur le réel. C’est pourquoi le rapport devrait faire ressortir des points saillants, une colonne vertébrale, centrés sur un contenu avec des idées identifiables. Ainsi sur les primaires, c’est bien de ne pas jeter de côté les gens de gauche inquiets et voulant trouver une autre voie, c’est bien aussi de dire « ce n’est pas notre culture ». Mais qu’est-ce que c’est notre culture ? Ce sont les luttes et les idées combinées avec la politique. C’est de conditionner l’élection présidentielle sur des idées par le biais de luttes et de mobilisations.

Par exemple, pour commencer à nous identifier, nous pourrions dire des choses simples : « comme toute la gauche (voire au-delà), nous voulons la justice sociale pour tous, et notre apport est de dire que cela exige des pouvoirs sur l’argent, pour l’utiliser autrement ». Car une cohérence entre objectif sociaux, moyens financiers et pouvoirs est décisive. Notre autre spécificité, c’est de chercher un chemin pour ce changement radical à partir de l’existant. Pas en « cassant tout », ni dans une posture du « tout ou rien » qui isole et exclut du jeu et contribue à nous mettre, nous et le pays, dans la situation actuelle. On a besoin d’un peu d’auto-critique sur la façon dont nos alliances ont été conduites, la façon notamment d’imposer JL Mélenchon comme candidat à la présidentielle. Nombre de critiques qui avaient été émises alors se sont confirmées depuis. J’aimerais donc un peu de modestie de la part de chacun.

Toujours sur les primaires, pourquoi se ranger derrière Th. Piketty ? Comme citoyen, il est semble-t-il sincèrement atterré de ce qui se passe. Mais comme économiste il préconise justement de ne pas toucher à l’argent et à son utilisation, surtout pas aux banques. Il soutient même que le capital produit tout seul des richesses de son côté.

2. Sur notre campagne emploi

L’emploi est décisif comme bataille politique en tant que telle, et comme bataille de transformation sociale. Hollande et Gattaz montrent d’ailleurs à quel point c’est une question politique majeure : Hollande en disant « état d’urgence économique et sociale » pour l’emploi mais en soutenant avant tout les profits ; Gattaz en disant « l’entreprise n’est ni à droite ni à gauche, elle est au-dessus ». La droite aussi (notamment X. Bertrand) en prenant comme première mesure d’instaurer dans les régions des Fonds d’exonération totale de cotisations sociales pour les plus bas salaires. Cinq éléments pour cette campagne :

- Quel est l’ennemi commun ?

C’est le capital financier, et tout la logique de rentabilité du capital qui va toujours chercher à prélever plus sur la richesse créée par les travailleurs-euses (la valeur ajoutée) pour se nourrir, nourrir les actionnaires et les banques, y compris contre toute la société. Il nous appartient de mettre un nom sur ce dont nous souffrons.

- Quels leviers ?

La BCE, les banques, les entreprises. Ces trois institutions disposent de pouvoirs considérables sur l’utilisation de l’argent à leur disposition (création monétaire, profits, fonds publics, épargne). Elles peuvent les utiliser selon une tout autre logique, développant une autre efficacité. D’autres économistes de gauche, comme Gaël Giraud, insistent sur l’importance du crédit bancaire. C’est un levier décisif sur les entreprises. Il peut nous permettre de rassembler en-dehors et en-dedans des entreprises, ainsi qu’aux niveaux européen et international.

- Quelles perspectives ?

Nous visons la perspective d’une justice sociale et d’une efficacité économique nouvelle en conquérant des pouvoirs sur l’argent. Il ne s’agit pas seulement de diminuer ce qui va au capital (dividendes, intérêts bancaires, etc.) pour rémunérer les salariés, il s’agit aussi que les fonds ainsi libérés puissent permettre d’autres dépenses d’efficacité : R&D, investissements efficaces, qualifications, services publics. Nous visons une nouvelle expansion sociale et écologique. Une expansion par le social et l’écologique.

Nous visons à rendre effectifs les grands principes de la République : Liberté, Egalité, Fraternité, Droit au travail.

La maîtrise de l’utilisation de l’argent est une grande question de civilisation, pour aller au-delà de ce qui a été conquis avec la Révolution de 1789 et ses suites, et pour dépasser ses limites.

Nous voulons le développement des capacités de toutes et tous. Un slogan « tous travailleurs » ne permet pas de donner à voir ce projet qui est porté par la sécurité d’emploi ou de formation, il rabat vers ce que nous voulons dépasser dans les sociétés de type soviétique. D’autant plus que se profilent à nouveau des projets, qui rappellent Dickens, de travail obligatoire pour les chômeurs en contrepartie de leurs indemnités de chômage. On pourrait plutôt retenir « zéro chômeurs » en majeur, et décliner ce slogan en plusieurs slogans complémentaires : « zéro chômeurs, zéro précaires, empêchons la spéculation financière », « zéro chômeurs, que font les banques ? », etc.

- Le chemin

Nous ne sommes pas dans le tout ou rien. La bataille emploi peut nous aider à marcher sur nos deux pieds, élus (villes, départs, régions, Nation, Europe) et luttes. Par exemple gagner des fonds régionaux pour les PME en levier sur les banques pour les obliger, par un crédit sélectif, à développer l’emploi en baissant les dépenses pour le capital, c’est tout à la fois radical et graduel. Combattre en pratique et dans les idées le dogme de la baisse du coût du travail permet de faire le lien entre les batailles à tous les niveaux, jusqu’au niveau européen, voire mondial contre l’austérité.

C’est en faisant en sorte que cette bataille irrigue notre activité que nous pouvons espérer conditionner autrement la bataille sur les présidentielles de 2017. En faisant monter des éléments de plate-forme, et certains éléments qui devront être incontournables dans une plate-forme commune.

Il s’agit en effet d’identifier quelques 3 à 5 points décisifs porteurs d’une cohérence entre objectifs sociaux, moyens financiers et pouvoirs qui fait tant défaut aujourd’hui à la gauche et qui seront notre apport pour une reconstruction de celle-ci.

- Points d’appui

Dans cette bataille, nous disposons de points d’appui. Le débat sur le coût du capital, qui pourtant à peine amorcé avait commencé à prendre. L’expérience de ce qui s’est passé sur la Grèce mettant en lumière le rôle incontournable de la BCE. Le besoin criant, porté par l’affaire Goodyear, d’une vraie démocratie sociale pour discuter les gestions.

Et, bien sûr, ce qui avait pu avancer sur la BCE dans la présidentielle grâce à l’apport communiste. Précisément, le fait que Jean-Luc Mélenchon en est resté à une simple dénonciation sans avancer sur les propositions a contribué à enferrer la gauche dans l’impasse. En complément, sa survalorisation de LePen dès les législatives, au détriment de la mise en cause de la finance ou de la BCE ; et son refus absolu de participer à un gouvernement de gauche au lieu de mettre des conditions très dures à une éventuelle participation (refus que j’ai dénoncé dès juin 2012, en proposant moi-même 3 conditions : nous dirigeons la Banque Publique d’Investissement, nous participons à toutes les négociations européennes, adoption d’une loi anti-licenciements).

En conclusion, je veux insister sur deux choses :

- L’impulsion d’une véritable campagne, de longue haleine. Il faut désigner un collectif pour animer cette campagne, discuter des slogans, élaborer un journal régulier, faire remonter les expériences et en tirer les enseignements, etc.

- Notre but. Cela devrait être celui de créer un grand mouvement populaire, de masse, bien au-delà du PCF pour une autre utilisation de l’argent, en France, en Europe et dans le monde, au service de deux choses : la sécurisation, le développement de l’emploi, et le développement des services public jusqu’à des biens communs de toute l’Humanité. Il s’agit de renouer avec l’esprit d’élargissement, le sens du commun et de détermination radicale, de ténacité que notre parti a su faire sien durant la Résistance.

C’est dire la réorientation nécessaire de notre parti à l’occasion du 37è congrès.

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