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19 mai 2016 4 19 /05 /mai /2016 12:13
Pierre IVORRA : Libérer le travail de sa dépendance

Libérer le travail de sa dépendance

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On ne peut réellement améliorer le code du travail que si au préalable l’on reconnaît que la relation entre un salarié et son employeur est profondément déséquilibrée au profit du second et que si l’on se donne les moyens de corriger une telle inégalité et, à terme, de la dépasser. Comme le note Marx dans « Le Capital », « Dans le mode de production capitaliste, la relation que nouent un salarié et celui qui l’emploie est une relation de subordination fondée sur la dépendance économique. Celui qui vend sa force de travail accepte de le faire parce qu’il n’a pas d’autre choix pour subsister ».

La crainte majeure du salarié qui vend sa force de travail est que cette relation de dépendance ne soit rompue. Du côté du capitaliste, surtout en période de chômage de masse comme aujourd’hui, cette relation de dépendance offre autant d’occasions d’entretenir la peur d’y mettre un terme. Ce formidable moyen de pression qu’est le chômage n’accable pas seulement le travailleur comme individu, il menace l’ensemble du corps social afin de le soumettre à la volonté du capital coalisé pour la circonstance : « Retenez-moi ou je fais un malheur », semble pouvoir dire à tout moment le capitaliste à la société toute entière.

Pour avoir exercé durant plus de dix ans une activité d’expert en entreprise mandaté par les salariés, je peux témoigner des effets de cette épée de Damoclès qui pend au-dessus du corps social. Chez ce grand fabricant multinational de peinture, des cadres m’ont avoué maquiller leurs feuilles de temps et dissimuler ainsi tout le surtravail effectué afin de remplir leurs objectifs. Dans ce réseau national de dépannage automobile, les ouvriers et techniciens sont priés de travailler à la demande, y compris la nuit et le week-end sans que soit respecté leurs droits à des repos compensateurs.

Face à cela, les travailleurs n’ont pas d’autre choix pour résister à ce chantage et y mettre un terme que de se constituer en force sociale et politique afin de marquer de leur sceau les accords conclus avec leurs employeurs et la législation elle-même. L’objectif serait d’aller vers une suppression du chômage, d’établir à cette fin une maîtrise sociale des conditions de réalisation des profits des entreprises, de leur utilisation et une sécurité de l’emploi et de la formation. Cela suppose de recourir à des nationalisations, d’établir une sélectivité du crédit sur des critères sociaux et écologiques. Toutes choses qui ne peuvent être efficaces que si salariés et populations gagnent un droit d’intervention dans l’entreprise et la cité et l’exercent effectivement.

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Pierre IVORRA, Chronique économique du Jeudi, L’Humanité, 18 mai 2016.

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commentaires

H
Merci pour votre article très intéressant !!!
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