Et Je récitais ce poème. J’avais 17 ans
Et je chantais cette chanson. J’avais 20 ans
Et j’étais en osmose avec ce qu’il disait.
Je suis vieux et j’ai gardé en moi ce
"Jeune homme qu'est-ce que tu crains
Tu vieilliras vaille que vaille".
Et ce
Tout le monde n'est pas Cézanne
Nous nous contenterons de peu.
Ce "Je" n’était pas trop faux, il me semble...
Et je chantais... juste, ça oui au moins...
Poème de Louis Aragon
de la chanson « Blues » de Léo Ferré
On veille, on pense à tout à rien
On écrit des vers, de la prose
On doit trafiquer quelque chose
En attendant le jour qui vient
La brume quand point le matin
Retire aux vitres son haleine
Il en fut ainsi quand Verlaine
Ici doucement s'est éteint
Plusieurs sont morts, plusieurs vivants
On n'a pas tous les mêmes cartes
Avant l'autre il faut que je parte
Eux sortis je restais rêvant
Tout le monde n'est pas Cézanne
Nous nous contenterons de peu
L'on pleure et l'on rit comme on peut
Dans cet univers de tisane
"Jeune homme qu'est-ce que tu crains
Tu vieilliras vaille que vaille"
Disait l'ombre sur la muraille
Peinte par un Breughel forain
On veille, on pense à tout à rien
On écrit des vers, de la prose
On doit trafiquer quelque chose
En attendant le jour qui vient
Il me faut aussi répéter cette autre phrase
d’un autre poème d’Aragon
dans « les poètes », comme le précèdent :
…Quelle heure est-il quel temps fait-il
J’aurais tant aimé cependant
Gagner pour vous pour moi perdant
Avoir été peut-être utile
C’est un rêve modeste et fou
Il aurait mieux valu le taire
Vous me mettrez avec en terre
Comme une étoile au fond d’un trou…
Et cette autre, dans « Les poètes », encore, 1960.
J’avais vu cet ouvrage dans une vitrine et j’ai pu
l’acheter dans la même semaine avec mes très petites économies
…Songez qu'on n'arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables Car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien…
Mais enfin :
… Le drame il faut savoir y tenir sa partie et même qu'une voix se taise Sachez le toujours le chœur profond reprend la phrase interrompue Du moment que jusqu'au bout de lui-même le chanteur a fait ce qu'il a pu Qu'importe si chemin faisant vous allez m'abandonner comme une hypothèse… »
Le blogueur, 13 février 2018
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