Deux livre dans ma bibliothèque, acquis de mes 75 ans et de mes 17 ans et, …et du même format 185x 235 mm :
Christian Bobin, « La nuit du cœur », Gallimard, septembre, 2018
Acquis et lu à 75 ans.
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…Jadis les ouvriers avaient la politesse des rois. Ils vous recevaient dans leur cuisine comme font encore les russes, aujourd'hui. Une tasse de café vous appelait par votre nom d’enfance. La table ruisselait d’une toile cirée. Et on parlait. Parler avec vie est un art noble, millénaire. Il peut disparaitre pendant de longues périodes...
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…Il est impossible de penser, même pendant une seconde, à la totalité des gens qui vivent sur terre, chacun doté d’une âme et d’une formidable puissance d’erreur. Et si nous y ajoutions la vision de tous les disparus, nous deviendrions fous sur le champ. Les églises ont été construites pour abriter de telles pensées, leur bâtir une volière – ce qui explique la crainte qu’elles donnent au cœur quand on y entre…....SUITE après la publicité, hélas on ne peut intervenir auprès du serveur ni sur le sujet, ni sur l'emplacement..... ni sur la zone du blog...
...suite de Christian Bobin, « La nuit du cœur », Gallimard, septembre, 2018
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…L’esthétisme est le nom d’une cruauté imperceptible. Un regard d’oiseau froid, un bec perforateur, pointilleux. La beauté n’est pas affaire d’esthétisme. L’abbatiale s’est faite pauvre pour recevoir des âmes devenues aussi riche que les nôtres, quand une mort les frappe…
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...J’ai dépassé bien plus que la moitié de mon temps. Le meilleur est tombé sur la terrasse comme des miettes de pain. Qu’as-tu fait de ta vie ? J’ai donné à manger aux oiseaux, aux ombres et aux diables. Et maintenant ? Maintenant j’ai rendez-vous ….… et tu as rendez-vous avec qui ? Avec ce qui apparait quand les épreuves et les ondées nous ont dépouillés de notre moi auquel nous finissions par croire. Qu’est-ce qui apparait ? La lumière sur une abbatiale après que les mains des siècles se sont essuyées sur elle, et la belle mousse grise des vitraux. Mais tu parles de la lumière d’aujourd’hui ? Oui, il n’y a qu’aujourd’hui…
Aragon, « Les poètes », Gallimard, septembre 1960.
Acquis et lu à 17 ans et lu et relu...
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…Tu sais par cœur des mots patiemment que tu as mis
L’un près de l’autre où l’autre près de l’un paraît baroque
Jamais personne ainsi n’a fait se rencontrer les mots ensemble
Il y aura des gens qui te reconnaitront à ces accouplements sonores
Et peut être quelqu’un va-t-il maladroitement les imiter
Lève-toi ferme les yeux mets de côté ta tête
Et plie en arrière en parlant ton jeune et maladroit poignet…
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…PROMÉTHÉE
…Ce cri qui résume
Cette chose à tout qui valait qu’on la préfère
Un mot peut-être un nom
Quand il n’y avait de place pour rien dire
Et qu’importe si personne n’entend mais il est dit
Puissance merveilleuse puissance du son sur la lèvre
Et rien ne fera jamais plus que cela n’ait été dit
A défaut de tout autre chose au monde dit et choisi…
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… De torche en torche au hasard du vent nous frappons de branches l’incendie
Le temps brûle Au-dessus de moi dans l’entrelacs d’ogives de ses voûtes
Plus le feu dévore la forêt et plus sa férocité grandit…
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SUR LA REGULATION :
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