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24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 10:08

Publié sur ce blog une première fois le 03/05/2013 



paradigme SchwartzL’Ergologie et Marx

 

La recherche scientifique pluridisciplinaire, fondamentale et appliquée, sur le travail, aboutit à un point central : l’usage de soi par soi et l’usage de soi par les autres. C'est-à-dire le point central de l’ergologie. Et pour notre temps, une vision sur le taylorisme et ses remèdes, son dépassement en santé, sur la hiérarchie sociale idem.

 

L’ergologie ne se contente pas d’hypothèses sur la réalité du travail. Elle observe dans le détail et dans son ensemble l’activité pour en tirer des concepts opérationnels dans la « conduite » du travail par soi et par les autres, socialement et personnellement, ce qu’on ne peut séparer.

 

Pour l’analyse philosophique, anthropologique, économique, pluridisciplinaire de même, partant du mouvement de pensée et de conscience développée par Karl Marx et de nombreux autres, sur la base des avancées de son temps, et de la poursuite du processus humain jusqu’à aujourd’hui, on pourrait non pas superposer, mais rapprocher le concept d’usage de soi de celui de rapports sociaux.

 

Le militant syndical ou et politique engagé auprès du salariat ne sont pas comme Monsieur Jourdain. Ils ne font pas de l’ergologie sans le savoir, même s’ils emploient un vocabulaire non ergologique. Car il ne s’agit pas seulement pour lui de découvrir avec les salariés en quoi consiste le travail sur un plan micro (l’atelier etc.) et macro (la multinationale, l’aire de production élargie). Il s’agit de transformer le rapport social afin de transformer le travail, ce qui est quasiment la même chose, une « tautologie dirait le savant ».

 

L’ergologie n’est pas étrangère à la lutte ouvrière telle qu’elle s’est présentée par le passé et qu’elle se présente aujourd’hui. Il n’est pas question, disant cela, de nier l’apport propre de l’ergologie, de la science, et particulièrement des concepts développés par le Professeur Yves Schwartz sur l’activité et le travail et la conscience du travail. Il s’agit de comprendre et savoir à quel point une certaine démarche ergologique « avant l’heure » a imbibé jusqu’à aujourd’hui l’action ouvrière consciente, sans laquelle les concepts ergologiques et les groupes « salariés-chercheurs-gestionnaires » du travail qui les utilisent dans une démarche commune, n’auraient pu voir le jour.

 

D’autant que les groupes « salariés-chercheurs-gestionnaires » du travail (autrement désignés par GRT, Groupe de Rencontre du Travail) qui se développent ne peuvent faire abstraction de ce rapprochement « usage de soi dans le concept ergologique et rapports sociaux dans le concept marxiste ».

 

Et qu’ils se heurtent non pas au sens d’une impossibilité de leur acte ergologique, managérial, « purs », propres, mais à la même la difficulté qui est la contradiction première et commune entre le syndicalisme et expertise de l’échange dans la société marchande et de droit : la dispute, physique et morale, sur la part de la richesse produite, c'est-à-dire, sur le taux de plus value. Et in fine sur son dépassement social.

 

Qui pourrait nier qu’il n’y a pas là sur la question de la plus value une question fondamentale touchant à l’usage de soi ? Et mettant en mouvement tout acte de pensée sur la question du travail et de sa dénormalisation-renormalisation ?

 

Ceci pose la question d’un autre regard sur la critique marxiste de l’économie politique qui aille au-delà d’une vision économiciste prêtée à Marx et au marxistes et, je l’avoue dans laquelle les marxistes, en chemin et en action peuvent tomber eux-mêmes et sont tombés, mais n’ont pas sombré, quoiqu’on en dise….

 

L’ergologue, comme le syndicaliste ou le politique se heurtent à une question essentielle, c’est celle de cette lutte dominée par la question de la plus value, c'est-à-dire par l’échange dominé par le capital. Pas l’argent tout court mais sa « métamorphose » en capital, comme toute marchandise, y compris la force du travail.

 

Car il n’est pas question d’aborder la question en dehors de la réalité de la vie quotidienne et à long terme dans le travail, telle qu’elle se présente qu’on le veuille ou non. Les péripéties de cette vie quotidienne et au long court dans l’échange capitaliste, ce sont elles qui déterminent le comportement du salariat et son approche de la transformation du travail, et en conséquence l’approche ergologique de la « gestion du travail », entravée pour l’ergologue comme pour le militant et le salarié, par le besoin immédiat de réponse à tout besoin immédiat en général.

 

Il n’est pas question de dédouaner le mouvement ouvrier des insuffisances qui lui font traiter « le problème » immédiat au détriment d’une vision à long terme de la gestion du travail à partir de l’usage de soi. Il est question de combattre l’opposition intellectuelle entre ergologie et économie, faisant de l’une une question « micro » et de l’autre une question « macro »

 

Les évènements actuels concernant l’emploi, la production, le travail confirment d’une façon « lumineuse », si l’on peut dire, le lien entre ergologie et économie et le schéma général des dispositifs dynamiques à trois pôles, lequel devrait non définitivement, rien n’est jamais acquis, rendre caduque la querelle de famille entre expertise du travail et critique de l’économie politique.

 

Les mêmes rapprochements évidents ont lieu à l’intérieur de l’économie (« keynésiens » et « marxistes »), en attendant de liquider les oppositions « contre nature » entre syndicalistes et politiques « gestionnaires » et « transformateurs ».

 

Bien sur il faut toujours du temps au temps. Mais ce qui est déterminant est la disparition des marges de manœuvre à l’intérieur d’une activité « en l’état » et donc le besoin de développer une transformation, et une prospective de transformation à partir de la multiplication du mouvement et bifurcations de la « structure dissipative » de l’acte et de la conscience de l’acte.

 

Nous en revenons de nouveau à la question de l’opposition intellectuelle et pratique entre continuité et saut, état des choses, négation et négation de la négation, non automatisme et causalité.

 

Maintenant, comme dans toute période où s’estompe opposition entre particulier et général, le danger est l’hégémonie du général succédant à celle du particulier dans la pensée dominante. D’où le non automatisme que cette contradiction illustre.

 

« …D’où l’idée de cahier des charges, qui laisse ouvert toutes sortes de possibles, de possibles élargis, à l’adresse des forces sociales engagées, elles, dans des projets, des stratégies, des luttes déterminées. Tout est à faire : ce paradoxe d’une conviction scientifiquement argumentable qu’il n’y a pas de science de ce que nous construisons jour après jour ne simplifie pas les choses. Mais c’est ainsi que l’histoire advient. L’important est de le savoir dès lors que nous tentons de nous gouverner nous-mêmes….Dire cela n’est point se bercer d’illusions sur la force des antagonismes, des ambitions, pouvoirs qui continuent et continueront à cliver les horizons de similitude. La question du « pouvoir » est sinueuse, complexe et suppose diverses trajectoires d’approche. Mais lorsque l’on a séjourné quelque temps dans ce que l’on a appelé des dispositifs à trois pôles, on ne pose plus comme avant la question du pouvoir…. »

Manifeste pour un ergo-engagement, Yves Schwartz, 2005 (*)

 

Reste l’hypothèse pessimiste. L’humanité, en dépassant le clan restreint, ne s’est pas dégagée d’un clan mondialisé et en passant au clan mondialisé ne s’est pas dégagé du rôle de chef de clan, a perdu la conceptualisation créatrice autonome du clan sans avoir reconstitué le même niveau créateur autonome dans la mondialisation-généralisation.

 

En conséquence de quoi, l’humanité est-elle capable de modifier le lourd mouvement général qui est l’orientation de ses 7 milliards d’individus dans leur mode d’échange du capital généralisé ? Est-elle capable d’un changement de direction raisonné, conscient ? Non d’une téléologie globale de son avenir, mais une téléologie du geste à accomplir pour modifier le mouvement général de sa masse, tel un navire devant éviter un écueil en prévoyant de dévier le mouvement de sa masse ?

 

Pierre Assante, jeudi 2 mai 2013


(*) http://pierre.assante.over-blog.com/article-le-manifeste-un-texte-ecrit-par-yves-schwartz-en-2005-a-la-demande-de-l-ort-117510512.html

 

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