trobadors, pétrarque, matriarcat
dans le rapport à la femme, les trobadors ont exprimé bien plus que ce qui s’entend.
les conditions dans laquelle les trobadors ont créé sont sans doute une des situations les plus exceptionnelles que l’humanité ait connu dans son histoire.
l’équilibre des pouvoirs dû à leur multiplicité, à l’éloignement des centres de répression et de normalisation, l’héritage tel qu’il s’est développé et est reçu au moment et au lieu des trobadors, son autonomie relative mais bien plus grande qu’ailleurs, sont sans doute la raison de cette exceptionnalité
pétrarque, lui-même, aussi loin qu’il ait mûri la forme et l’expression de l’amour est beaucoup plus marqué par une re-normalisation ; ce qui rend sa pensée si créative c’est qu’il crée lui même sa propre normalisation à laquelle tant de créateurs vont se conformer par la suite, perdant certainement une partie de l’expression au profit d’un raffinement-complexification de cette normalisation : on ajoute de la décoration, puis on en retranche, on élague pour plus d’harmonie, on fait du rococo et on le fignole
le rapport trobadoresque à la femme, complexe et fort varié, n’est pas normalisé malgré une apparente uniformité, inclut à la fois le rapport à la mère et un rapport messianique dépassé qui n’a pas peur des contradictions de la réalité
dans notre norme, le sentiment de fusion maternelle perdu est recherché dans l’exposé au père et le compte-rendu au modèle paternel. ce que l’on a appris et conquis dans la séparation, on l’échange dans la poursuite du rapport « paternel », dans le rapport social. c’est très clair dans la culture provençale récente ou dans la kabile vue par Bourdieu et dans tant d’autres, même dans celle de nos cadres de direction modernes malgré les apparences. contradictoirement, la mère est en partie exclue de cet échange du fait du patriarcat.
cette mutilation maternelle devient une mutilation féminine et cette mutilation féminine devient une mutilation sociale.
le rapport trobadoresque à la femme, s’il n’échappe pas à cette mutilation, la conteste fortement jusqu’à en effacer l’essentiel : ce que nous ressentons dans une séparation associale, une séparation qui se prétend sans retour parce qu’elle place l’individu dans une situation de conflit symboliquement « à sens unique ». La douleur du trobador est bien réelle mais elle ne clôt ni l’attente ni la communion
pour pétrarque et les trobadors, le bonheur c’est
transformer l’absence en présence
la douleur en richesse humaine
pour rendre fécond le moment où l’on croise
cet autre croisement des choses qui fait
le simple évènement
la mort de la mère que pétrarque jeune exprime à la façon d’un veuf, sa fusion de l’érotisme et du « divin » de son age adulte, ont bien un fort appel au résidu matriarcal
ce n’est pas seulement être femme qui rend mère
ce n’est pas seulement être mère qui rend mère
il y a aussi des conditions sociales nécessaires
toutes proportions gardées et comparaison relativisée, le rapport de pétrarque à la « langue et expression vulgaire » pourrait devenir celui de Pagnol à son père qui fait d’une moquerie gentille du vulgaire à la fois une critique méprisante et un portrait intéressant et prenant. mais ce qui est fondamentalement opposé à cela chez pétrarque c’est que sa jouïssance n’est attaquée que par une dichotomie qu’il maîtrise : il aime cette culture vulgaire qui est une avec son amour féminin et son mépris n’en est pas un ; c’est une façade par rapport à l’ordre établi qui le nourrit et qu’il domine par sa capacité de séparation ; un exemple de dichotomie à effet inverse instructif vis-à-vis des dogmatismes
la recherche du profit privé généralisée, c'est-à-dire l’éloignement maximun de la fusion humaine
s’oppose à la fonction maternelle dans la société
elle crée les conditions de l’oubli de la fusion maternelle
et des sentiments humains qui en sont issus
et bien sûr s’oppose aussi à la séparation nécessaire à la création
à la poïésis sur laquelle repose l’activité humaine
le refoulement de la fonction maternelle est la cause essentielle
de la barbarie au sens négatif
les trobadors dé-normalisent, mais dans leur re-normalisation, s’appuyant sur les résidus et une renaissance du matriarcat, n’atteignent pas le stade institutionnel. qui peut donner un exemple équivalent ? il y en a certainement peu
pierrot assante jeudi 5 août 2004
les trobadors c’est une pré-renaissance, le mariage chevaleresque féminin et masculin avec la montée de la liberté bourgeoise dans un mode de production en pré-transformation et dans des conditions précoces, marginales, furtives, dans un substrat exceptionnellement riche . Quel mariage, quelle progéniture et quelle descendance ! Bèutat e Paratge.
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