Article déjà publié le 26 février 2014 dans
"4 ARTICLES. L’être social, l’europe, le travail".
L’être social supérieur, individuel et collectif, se constitue.
Dès la naissance la personne humaine est confrontée à la recherche de la résolution de ses besoins.
Le développement de son cerveau, sur la base de sa constitution biologique s’effectue à travers le contact social et la résolution de ses besoins qu’elle y trouve.
L’être social se constitue.
De la « mise en synergie » des perceptions à la constitution de concepts, de systèmes de concepts, de la dénormalisation-renormalisation de systèmes de concepts, le mouvement cérébral en aller-retour entre le besoin de l’individu et celui de la société humaine se « réorganise » en accumulation en « spirale » et en « strates ».
Chaque strate précédente n’est pas une strate archéologique morte. Elle est réorganisée dans une transformation qualitative qui en se complexifiant simplifie les relations entre les données et leurs interactions.
Les données nouvelles s’intègrent et se « condensent » avec les données anciennes et leurs relation s’assouplit. La synthétisation s’intègre à l’accumulation.
Dans ce processus individuel du processus collectif social, plus la dépossession du geste et du produit du geste dans l’usage de soi par l’autre et contraint s’installe, plus l’aliénation prend une puissance dominatrice, moins l’issue à cette domination trouve place dans la synthétisation intégrée à l’accumulation.
Le phénomène de domination est d’autant plus présent et « naturel » dans la recherche de la résolution des besoins de et par la personne que l’usage de soi par d’autres devient abstrait, c'est-à-dire qu’il n’apparaît pas lié à l’action d’un individu sur un autre et-ou sur un groupe humain.
La réalité de l’inégalité en possession de valeur marchande, aussi paroxysmique qu’elle soit devenue n’est pas perçue massivement comme division en classe avec la même force que dans la relation patron-ouvrier du XIX° et XX° siècle.
La notion de bourgeoisie et de classe ouvrière, de détenteurs de capitaux et de salariat est plus vague. Pourtant les « mécanismes » de la production et d’échange en capital qui régule (de plus en plus mal) la demande sociale sont bien les mêmes.
Même si la masse du surproduit, dans la révolution scientifique et technique, modifie en quantité les éléments et les rapports entre les éléments constitutifs de la circulation « Argent-Marchandise-Argent+ » du capital, l’organisation qualitative du système capitaliste conserve ses bases en tant que mode de production.
Même si les « 100 familles » grandes capitaliste française de 1936 ont fait place aux 50 grands méga-possesseurs mondiaux de capital, et à plus fortes raison, la notion de bourgeoisie et de classe ouvrière, malgré sa transformation sociologique quantitative et qualitative, garde pourtant son opérationnalité.
A condition de ne pas être caricaturée, ce qui conduit à rechercher les solutions d’aujourd’hui dans une intervention sur des conditions passées, cette notion est opérationnelle et mobilisatrice.
Cependant aujourd’hui comme hier, la question de la transformation sociale pour répondre aux besoins de la personne dans la société est l’intervention politique dans la circulation du capital pour la détourner vers les besoins sociaux jusqu’à en faire une transformation qualitative du capital, un dépassement qualitatif (destruction-continuité, aufhebung), c’est à dire autre chose que du capital, non plus du capital, mais une convention sociale opérationnelle de représentation de la valeur d’usage en vue de son échange.
La gestion de l’échange capitaliste, les gestionnaires de l’échange capitaliste, dans la production comme dans la spéculation sont une chose. Les détenteurs des capitaux, et en particulier les méga-détenteurs de capitaux et de leur usage en sont une autre.
Leur existence peut se superposer, se recouper à la manière des ensembles, des sous ensemble, des inclusions, intersections, mais les fonctions sont des catégories diverses, séparées, même dans l’unité de leur mouvement.
La maitrise politique, sociale du crédit peut être un outil essentiel dans le détournement de la circulation des capitaux vers les besoins sociaux de production et de service. Il n’est pas le seul. Les outils se constituent à partir de la prise de conscience des besoins sociaux et des manques sociaux.
Leur forme se construits à partir des manques sociaux et des besoins que révèlent ces manques qui apparaissent les plus évidents à la conscience.
L’usage du temps que la question et le besoin du « temps libre » révèle devient l’apparence première de l’usage de soi contraint par le « détenteur global du capital global ». De même pour l’usage du temps par soi « libre », dans l’interaction-unité de l’usage du temps réel et perçu, concret et abstrait.
En même temps, plus l’usage de soi par l’autre devient pesant, moins l’horizon de la libération de ce poids est visible.
L’usage des produits du travail, les gestes de production des valeurs d’usage, le temps prescrit et le temps réel, l’aspiration à la possession personnelle du temps, prennent des contours fantomatiques.
La sécurité immobile de la vie et la vie de routard, pour caricaturer, deviennent les deux bouts liés de la contradiction-antagonisme vécue dans l’usage de soi par le capital. La représentation de la liberté prend des formes rigides.
…« C’est là qu’a commencé notre recherche, puisque, comme l’ont montré nos analyses, aucune aliénation, si déterminée qu’elle soit par l’économie, ne peut jamais se développer selon son caractère propre, et par conséquent ne peut être surmontée, en théorie et en pratique, de manière juste et efficace sans la médiation de formes idéologiques. Cette impossibilité de se passer de la médiation idéologique ne signifie pourtant pas qu’on serait en droit, sous un rapport quelconque, de considérer l’aliénation comme un phénomène purement idéologique ; quand s’impose cette apparence, elle provient dans tous les cas d’une ignorance des fondements économiques objectifs de ces phénomènes, dont le déroulement semble idéologique. Nous rappellerons ici, à titre d’introduction, la définition marxienne de l’idéologie, qui voit en elle l’instrument social permettant livrer conformément à l’intérêt des hommes les conflits sociaux nés de l’évolution économique contradictoire »…
Ainsi s’exprimait Georges Lukacs lorsque l’échec du stalinisme arrivait au bout de ses effets.
Les régressions massives de la pensée Marx, dans la répression contre révolutionnaire et son corollaire le stalinisme, la réponse tayloriste puis keynésienne à la crise du capitalisme et les « passage intermédiaires-provisoire dans une philosophie quelquefois intéressante mais d’illusoire troisième voie, et son retour relatif dans la crise, donne sans doute raison à cette analyse de Lukacs.
Et la poursuite de la résolution des besoins de notre naissance à notre être social accompli historiquement pourrait se réaliser, et cette solitude humaine de l’individu dans l’espèce croissante et prégnante se résoudre relativement et socialement dans l’interaction d’une cohérence entre la personne et la société dans l’effort commun de la résolution de ces besoins : le besoin de l’acte et du savoir commun étant en voie de devenir en conscience, subjectivement et non seulement objectivement le besoin premier, transcendant le besoin biologique qui est a sa base constante. En quelque sorte la fusion maternelle et la fusion amoureuse dans la synthèse conceptuelle cérébrale. Une « deuxième nature » prenant la première place.
La valeur de la force de travail n’est pas une donnée biologique mais historique. C’est une valeur, une mesure marchande, mais c’est aussi dans « l’état actuel des choses » sur elle que joue la lutte pour le % de la part de plus-value confisquée à l’homme producteur, lutte pour l’augmentation de sa part pour le mieux vivre et pour le temps de vivre. Poser la question du « coût du travail » en fonction de la « compétitivité » comme résolution aux problèmes économiques est une réponse idéologique aux besoins du capital et non à ceux du développement humain.
Si l'aspiration à une cohérence progressiste de la société humaine sans l'organisation "séparée" de syndicats, partis etc. est légitime, on peut aussi penser qu'une telle cohérence passe aujourd'hui par l'existence de syndicats, partis, et-mais leur extinction progressive dans le futur, qui n'est pas apparemment à notre portée ici et maintenant, mais qui se prépare par une volonté téléologique allant en ce sens. Pas en "esprit", mais en liaison avec la création des conditions matérielles d'un tel "objectif". C'est toute la question de la construction d'une société sans classe que pose cette aspiration parmi toutes celles touchant à la production au sens le plus large, la production de la vie humaine.
Pierre Assante, 5 février 2014
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