ETHIQUE ET ANACHRONISME DANS UNE ANALYSE HISTORIQUE, deux éléments d'une action partisane en conflit évident .
J’ai bien conscience que les lignes qui suivent ne semblent pas relever des urgences du moment, telles que ces urgences sont perçues majoritairement dans la société ici et dans le monde.
Quoi que...
La question du stalinisme ne pose pas seulement des problèmes d’éthique, mais aussi des problèmes politiques, institutionnels, philosophiques, en rapport entre eux. Cependant les poser comme si la question du stalinisme historique d’hier se posait de la même façon aujourd’hui est anachronique, anti historique en science historique comme en pratique sociale.
Entre autre, par rapport à un article précédent, il faut préciser que le mouvement FUTURS a été constitué en partie par des communistes « historiques » en réponse à ces questions, et a recueilli la participation de responsables historiques du PCF. Et comme me dit un ami, la question d’aujourd’hui est plus une question de clarté politique, économique, etc.… que de dogmatisme institutionnel (j’espère ne pas déformer son idée en la « résumant » ainsi ! Il me le dira j’espère).
Ce qui, a mon sens ne « règle » pas la question des dogmatismes philosophiques et leurs conséquences pratiques. Ce en quoi cet ami me dira peut-être aussi s’il y a divergence sur ce point ?
Le stalinisme, dans sa version russe en particulier, a été rejeté par l’opinion populaire et savante, a juste titre.
Avant cela il a été dénoncé par les classes dominantes privilégiées, leurs médias, leurs institutions.
Cette idéologie tyrannique, draconienne, au sens historique du terme, son pouvoir et sa gestion n’ont pas été du goût des tenants du capital. Elle mettait en cause, malgré tout, le mode d’échange « Argent-Marchandise-Argent plus » cher aux « 100 familles », selon l’expression du Front Populaire de 1936 et ses conquêtes sociales. Le poids de la Russie Soviétique, même stalinienne était paradoxalement un atout relatif pour les luttes ouvrières et démocratiques, pour « le pain, la paix et le progrès » dans les pays capitalistes avancés et pour les peuples en lutte…
Dans la compétition économique, le retard des « pays du socialisme réel » et les séquelles du stalinisme ont accompli l’œuvre de reconquête du capital après ses défaites d’après guerre et après les avancées sociales des « Jours Heureux ».
L’insoutenable du stalinisme a-t-il hérité des luttes ouvrières du XIX° siècle et de la constitution du bolchévisme ? En aucun cas je considère le stalinisme comme la conséquence inévitable du développement du mouvement ouvrier par lui-même, ni de la révolution d’Octobre russe en particulier par elle-même.
Il est en premier lieu la conséquence des répressions du mouvement ouvrier et populaire pendant des siècles et particulièrement depuis des décennies de la formation d’organisations propres au salariat. Pour qui, jeune ou vieux, sait ou pour qui veut savoir, je rappelle des dates : 1830, 1848, puis 1851, 1871, et la suite en France et tant de dates dans le monde, sans oublier les guerres mondiales et coloniales qui ont été utilisées aussi pour « mâter » le mouvement ouvrier et démocratique. Et la chose n’est pas finie hélas. Il faut le voir, et ce n’est pas difficile si l’on se préoccupe de tout ce qui se passe à ce propos ici et dans le monde.
La militarisation du mouvement ouvrier est la conséquence directe de ces répressions et de la recherche de la réponse du tac au tac à la violence des dominants. Certes tous les dominants en tant que personnes ne l’on pas pratiqué directement cette violence, pas plus que tous les ouvriers et démocrates n’ont été les hommes d’exécution des actes du stalinisme, au sens propre comme au sens figuré.
Du Parti Ouvrier Social Démocrate Russe aux « Bolchéviques » (Majoritaires, en russe), il y a cette évolution qui consiste à penser à juste titre que le capital achète les compromissions, exécute les répressions lorsqu’il ne peut acheter, tient le pouvoir par tous les moyens, l’embauche au travail, les institutions, les médias, la police, l’armée….Evolution historique qui fut nécessaire à la constitution d’une force capable de répondre à cette réalité de la société de classe.
La question de fond du stalinisme, c’est la poursuite d’une violence qui ne répondait pas à une violence, mais servait un pouvoir pour lui-même, au-delà de l’imaginable et non en résistance à la violence du système dominant. Cette tyrannie c’est appuyée sur l’analyse politique et philosophique non marxiste, tout en s’en réclamant. Cette analyse consistait et peut encore consister à penser, avec la pratique y correspondant, que l’évolution sociale suit un mouvement prédéterminé et que hâter la marche de ce mouvement ne peut être que bénéfique, quel qu’en soit le prix du moment historique. Ce qui est une grave erreur politique, historique et philosophique à mon sens, le passé l’a montré je crois, et les crimes du stalinisme aussi en particulier.
Et le prix en a été fort, même si l’on considère que dans ce prix il y a eu aussi la victoire contre le nazisme, avec la symbolique et incroyable bataille de Stalingrad, le transfert de la production vers le Caucase et l’Asie en un temps record, et la décentralisation-démocratisation de la production, abandonnée sitôt après guerre avec l’élimination physique de ses inspirateurs et organisateurs.
Au nom de « l’occident », le capital poursuit sa double tâche. Enfumer les exploités et les réprimer si l’enfumage ne fonctionne pas suffisamment, aidé en cela par le poids du stalinisme passé.
Répondre aux réactions antipopulaires, anti-ouvrières c’est être force de proposition au rythme du mouvement populaire et non contre ses capacités de se mouvoir. Ceci sans renoncer à ce mouvement, c'est-à-dire sans compromissions avec les forces opposées au mouvement de progrès social, et à la conscience individuelle et collective qui en est la condition et que le volontarisme mutile.
Oui, la liberté n’est pas une chose, mais un mouvement. Oui, la liberté a été un grand thème dévoyé pour enfumer le mouvement démocratique, face à un volontarisme qui a conduit une masse de l’humanité ou dans la répression stalinienne ou dans l’acceptation d’un mode de production dont les limites rencontrent les graves conséquences actuelles, de part et d’autre : une terre ravagée, une « élite privée » aux commandes de la science et des pouvoirs personnels, au-delà de tout ce qu’ont connu des tyrannies qui ne possédaient pas les moyens techniques de tous ordres actuels d’asservissement.
L’économie reste en dernière instance ce qui, dans la causalité qui influe sur le processus humain, une clef des moyens à mettre en œuvre pour satisfaire les besoins « matériels et moraux » en développement dans le processus de l’humanité.
En cette période de grande confusion, de grande incertitude, où l’on voit cependant « se rallumer de étoiles », s’efforcer de voir clairement la réalité malade du monde en matière d’économie, et quelle orientations économiques nouvelles à essayer d’y donner, c’est ce que font les économistes marxistes de concert avec d’autres économistes, les nouveaux keynésiens entre autres, et leurs nouvelles approches,
Pierre Assante, 9 mars 2014
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