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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 00:46
L'HUMANITE  02.10.15. Yvan Lavallée
L'HUMANITE 02.10.15. Yvan Lavallée

La nouvelle injonction : Innovation

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Ça fait partie des éléments de langage ou plutôt de propagande qui nous sont serinés à longueur d’antenne, de discours officiels et d’écrits de doctes économistes, mais de quoi s‘agit-il dans cette société capitaliste en transition numérique ?

L’innovation, c’est la transformation d’une idée, plus ou moins originale, en source de profit c’est le business innovant en bref, c’est être plus compétitif que «l’autre» pour faire du profit sur un court laps de temps.

Mais pourquoi l’innovation fait-elle courir ainsi nos élites ?

Si on y regarde d’un peu plus près, innovation renvoie à valeur d’usage dans deux contextes assez différents, mais avec une même cause, la transition numérique à l’œuvre.

Le premier contexte, historique, est celui de la production d’objets palpables, obtenus par transformation de la matière, comme les automobiles par exemple.

Pour l’essentiel tout ce qui est objet (palpable) de consommation courante

peut être produit sans, ou très peu, d’intervention humaine, automatiquement, c’est-à-dire sans -ou très peu- d’intervention de la force de travail humain, et donc à valeur

d’échange quasi-nulle.

Le degré d’automatisation de la production de ces marchandises est devenu tel que le taux de profit y tend vers zéro, il y a de moins en moins de force de travail humain à exploiter, et dans une même catégorie, plus rien ne distingue fonctionnellement une voiture d’une autre, ce qui fait que la valeur réelle d’un tel produit, c’est son coût de production matérielle, et la concurrence aidant, le prix y tend, si ce n’est telle ou telle innovation qui permet d’obtenir un avantage concurrentiel lequel sera toujours très bref. Encore faut-il que cette innovation rencontre un public, d’où une économie de l’offre (1). L’innovation c’est une valeur d’usage au service de la valorisation du capital lorsque le taux de profit est quasi nul (c’est-à-dire que le profit se fait de moins en moins sur l’exploitation de la force de travail), c’est un marqueur de la dégénérescence de la société capitaliste industrielle.

Le second contexte, c’est celui d’internet où l’investissement matériel des opérateurs est quasi nul, c’est la puissance publique qui est sommée d’investir dans les infrastructures qui représentent, elles, un investissement colossal.

En informatique, et donc sur internet, ce qu’on manipule, ce sont des données.

Données et innovation : les données possèdent une double nature, à la fois armes concurrentielles et supports d’activités. Les données en tant que connaissance et éléments de pouvoir, c’est là leur valeur d’usage, deviennent marchandises. Le support physique et logique en est les réseaux en général, internet en particulier et les plateformes logicielles qui y résident les acteurs, ce qui autorise à parler d’un capitalisme de plateformes. On peut alors optimiser «la vente», déployer des activités radicalement nouvelles ou/et prendre la place d’acteurs économiques déjà installés. La spécificité de la marchandise «donnée» c’est qu’elle n’a quasiment qu’une valeur d’usage. Une donnée est d’abord recueillie, «produite», elle sera ensuite actualisée régulièrement. Elle peut alors être multipliée automatiquement. Du point de vue de celui qui en assure l’accès, comme pour celui qui en use, elle atteint une valeur unitaire marginalement nulle. Ce qui encourage sa diffusion et au-delà des usages multiples à partir des informations qu’on peut en tirer. D’où le maître mot innovation, il faut à la fois constamment renouveler et accroître les données afin de faciliter le développement d’activités nouvelles potentiellement sources d’usage de produits marchands, donc innover constamment.

Sur internet, l’innovation est produite par les internautes, d’où la nécessité de «libérer» cette capacité à innover vite, et accroître la rapidité de circulation, tout en cassant

tous les cadres légaux susceptibles d’entraver cette innovation, et en particulier les cadres dans lesquels le capitalisme de la phase industrielle s’est développé et qui a aussi été façonné dans notre pays par les luttes de classe du monde du travail. Et voici monsieur Macron pourquoi votre fille est muette.

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Yvan Lavallée, l'Humanité, 2, 3, 4 octobre 2015

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(1) A contrario d’une économie de satisfaction des besoins, c’est fondamentalement une économie de gaspillage.

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