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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 07:54

Ce regard sur le réel ne peut être, avant tout que celui de « comment dans le passé et le présent les humains ont créé et créent leurs subsistances » :

 

LE OUI ET LE NON

 

 

14mai10 003Regarder l’histoire dans les yeux, pour comprendre le réel, passé et présent, pour construire un avenir.

 

 

Ce regard sur le réel ne peut être, avant tout que celui de « comment dans le passé et le présent les humains ont créé et créent leurs subsistances ».

 

Ce cacher les yeux devant les erreurs et les crimes de l’histoire est une réaction enfantine qui caractérise ce que Kundera appelle « l’insoutenable légèreté de l’être », mais que j’attribuerai plutôt à un moment de l’histoire humaine où la masse des dominés est privée de son histoire par un jugement moral imposé et construit à partir des besoins propres des dominants.

 

La réalité de la création des subsistances dans les ex pays socialistes, les difficultés et les incapacités, sont bien dans la réalité de l’histoire humaine et de cette réalité particulière où des humains ont tentés, dans des circonstances précises de cette histoire, de subvenir différemment à ces subsistances. Différemment parce que autrement que dans la ligne historique d’une société divisée en classes depuis des millénaires.

 

S’étonner qu’une telle expérience ait subi le poids des mentalités passées, la reproduction des mêmes comportements, l’influence des mêmes mécanismes de production, de gestion, de la circulation des marchandises relève de la naïveté ou de la manipulation.

 

La question utile est au contraire de comprendre ce en quoi l’expérience a connu un échec « final » (et des réussites partielles), mais sans penser que tout ça doive passer par les pertes et profits, c'est-à-dire comme si notre présent n’était pas marqué par notre passé et n’avait pas à construire dans la continuité de notre passé, mais différemment.

 

Outils, techniques, rapports humains sont liés dans la création de nos subsistances.

 

Mondialisation informationnelle, outil de la « pensée artificielle » sont les outils de subsistance de notre présent.

Comment mettre ces outils au service de rapports nouveaux dans notre histoire humaine, de rapports correspondant mieux à nos aspirations naturelles qui sont de vivre notre nature humaine, dans ses acquis biologiques et psychologiques, ses instincts qui sont le temps long de l’espèce humaine et ses cultures qui en sont à la fois les temps longs, courts et « immédiats ». Vivre mieux, c'est-à-dire être capable de dépasser les blocages des moments qui font nos douleurs en cultivant ceux qui font nos bonheurs, sachant que douleur et plaisir sont la manifestation des besoins de survie de l’espèce, et que l’humain est capable de développer un autre plaisir, qui est un plaisir de conscience  et de développement des capacités intellectuelles, qui est d’agir sainement pour la survie.

Sainement, c'est-à-dire en maintenant la santé de l’espèce, sachant que l’espèce ne peut créer sans expérimenter, et chaque individu expérimente, ce qui veut dire que la santé de l’espèce est faite de la résultante d’une multitude de comportements. Une des illusions des ex-pays socialistes était que, quant à la santé de l’espèce, ou de la communauté nationale, ou du et des groupes sociaux sensés être représentés, les comportements devaient s’aligner sur un modèle décidé arbitrairement sain.

 

Mais revenons en aux outils de création de nos subsistances.

Nous pouvons prendre tous les pouvoirs que nous voulons, construire toutes les théories possibles et imaginables, toutes les spéculations ne nous serviront à rien si nous n’organisons pas la production, la distribution de nos subsistances, si nous n’organisons pas l’échange de nos travaux, l’échange de nos activités.

 

Nous ne pouvons faire table rase de la réalité dans laquelle nous produisons déjà nos subsistances. D’autant que la complexité de la société dans laquelle nous avons abouti ne supporterai aucune « remise à zéro ». On peut toujours imaginer une destruction reconstruction, mais sauf les fous le souhaitent, même si elle peut se produire par une crise la plus énorme que l’humanité ait à connaître et à laquelle elle ne survivrait sans doute pas.

 

L’apocalypse, le jugement dernier hante depuis des millénaires la conscience humaine. Cette conscience sait bien que son développement du moment a été acquis sur des bases en contradiction (le positif et le négatif, les forces contraires dans un même mouvement) avec un développement général. Elle en tire des intuitions qu’elle transforme en superstitions porteuses toutefois, et virtuellement, de transformations.

 

En même temps la conscience humaine rêve d’une continuité dans le développement, continuité développant en douceur des transformations mettant en harmonie les besoins individuels et les besoins généraux, ce qui est possible, certainement, mais qui dépend des choix individuels et collectifs d’organisation et d’emplois des outils le permettant.

 

Mondialisation informationnelle, outil de la « pensée artificielle » sont les outils de subsistance de notre présent, sont des outils qui donnent des moyens comme jamais d’ouvrir cette ère nouvelle de l’humanité.

Mais ils ne l’ouvriront pas automatiquement. Entre la « nécessité » et le « libre arbitre », l’humain s’est toujours cru en devoir d’obéir. Ces outils nous donnent un choix : obéir parce que nous ne pouvons maîtriser individuellement une gestion générale, ou décider parce que ces outils nous donnent la possibilité de l’intervention individuelle et collective. La première solution, c’est la notre, à présent, et elle nous fait apparaître une vision et une perspective catastrophique de notre avenir, et de toute façon les NON à toutes les politiques réelles, appliquées, nous en font apparaître le rejet.

 

La deuxième solution c’est celle tentée par le christianisme,  la révolte des paysans allemands, la Commune de Paris, les pays socialistes, dans des conditions qui ont été des moments de vie de l’humanité, quelle qu’ait été cette vie, mais dont la forme n’a pas abouti aux objectifs imaginés, mais qui demande et une continuité et une construction différente.

 

Les cadres de la gestion capitaliste sont à la fois les gestionnaires de la domination et de l’injustice et les gestionnaires de nos subsistances sans lesquelles nous aurions disparu. Nier leur gestion c’est enfantin. L’espoir ne se construit pas sur la négation mais sur le dépassement. Une fois de plus, la gestion enfantine de la contestation nous montre que nous nous cachons les yeux devant l’histoire, passée et présente. C’est bien les gestionnaires d’un autre type de développement que nous devons être, en prendre la responsabilité, et agir dans la réalité et pas seulement dans le rêve. Le rejet sans analyse des ex pays socialistes est de cet ordre du refus de la gestion, du refuge dans l’imaginaire, dont de l’incapacité de construire le nouveau.

 

Si nous revenons aux économistes empiriques du XIX° siècle, nous constaterons à quel point les dogmes du libéralisme nous ont privé d’esprit critique par rapport à  leur esprit critique. Mais notre développement ne passe pas par un retour à l’économisme empirique, et encore moins à la pensée économique libérale qui est une régression encore plus grande du savoir, de la recherche appliquée. D’ailleurs, le patronat, lui, a fait sienne l’analyse marxiste, mais pour ses buts propres

 

Le jugement dernier ne consiste pas à mettre chaque homme dans une balance, divine ou non. Le jugement dernier consiste à développer notre savoir et nos capacités à gérer en commun, et à mettre les outils de production nouveaux au service de cette gestion en commun, si tant est que nous le voulions, et le rendions possible.

 

Chaque parole contribue à construire ou à détruire. Le NON peut être constructeur comme destructeur. Le OUI peut être actif ou soumis.

 

Nous sommes entre un « non » et un « oui » hésitants, paresseux, impuissants. Comment les transformer, comment les rendre « opérationnels » ?

 

Sans mettre tout le monde dans le même panier, certains de ceux qui prônent aujourd’hui l’ouverture sont ou descendent de ceux qui ont soutenu inconditionnellement, consciemment ou involontairement, la fermeture dirigée par Georges Marchais. Les années 60 ont été des années d’extraordinaire ouverture. Le Comité Central d’Argenteuil de 1966 en est un témoignage. Le triptyque mondial, quel que soit son alignement sur leur idéologie respective en témoigne aussi : Khrouchtchev, Jean XXIII, Kennedy.

 

Le retour de Brejnev, la résistance de Waldeck Rochet à ce retour illustré par l’affaire tchécoslovaque et sa disparition au profit de Georges Marchais est significatif. Le mouvement de mise à l’écart, de départ, d’affaiblissement idéologique et numérique du communisme français et dans le monde a une double cause : l’aptitude du capitalisme à s’adapter et intégrer les populations, y compris les plus pauvres à son mode de circulation, donc de survie de la société (je résume à A-M-A’, voir les articles précédents) ET l’inaptitude conjointe des forces qui s’y opposent.

 

Les évènements quasi conjoints de 1968, mouvement social en France et dans le monde, remise au pas de la démocratisation tchécoslovaque nous montrent la fin d’une période de rapport des forces progressiste et positif dans son mouvement « matériel et moral » d’ensemble des peuples, issu de la lutte et de la victoire, de la libération du nazisme. Denis Kessler, responsable du MEDEF nous  fait d’ailleurs le portrait à l’envers (mais le capital met tout sur la tête et il s’agit de remettre les choses sur leurs pieds) des avancées de la Libérations : Services Publics, démocratisations partielles et limitées mais réelles du travail et des institutions, accès pour un plus grand nombre et vers le  « pour tous » de meilleures conditions « matérielles et morales » de vie, respect concret de  la vie, respect concret de la personne humaine.

 

L’ouverture prônée à corps et à cri dans la période Marchais par une majorité divisée (pour ne pas dire opposée entre elle) du bureau politique du PCF (Hermier, Poperen, Fiterman etc.) n’a abouti qu’à une distanciation et une dissolution vis-à-vis de la cohérence d’une politique de lutte du salariat dans une alliance la plus large possible correspondant à la réalité mouvante des couches sociales en fonction de l’évolution des moyens de production.

 

Il ne s’agit pas de juger tel ou tel militant, tel ou tel groupe, et soi-même, de les (nous) mettre sur la « balance divine », pour leurs actes passés ou présent, mais d’être apte à critiquer une position, critique au service de tous pour agir autrement et mieux.

 

Abandon de la dictature du prolétariat. Abandon, OUI, si conçue et exécutée comme une répression militaire et policière ; NON comme abandon d’une cohérence, d’une hégémonie démocratique du salariat dans la démocratie socialiste vers le communisme, dans un élargissement et une généralisation de la démocratie à toute la société.  Marx concevait ce terme de « dictature du prolétariat », peut-être à tort dans les mots employés, mais dans une juste distorsion contraire, s’opposant à une pensée superficielle et dominante sur la démocratie,  comme le contraire de la dictature d’une organisation du travail du « que produire et comment produire », organisé sur un mode monarchique, entrée dans les esprits comme un mode de faire de droit divin, indépassable, incontestable.

 

L’ouverture a plus que jamais raison d’être, mais pas au détriment d’une position de classe et d’alliance.

Nous sommes passé de la pensée unique à la pensée dissoute, du « globalement positif » à « pertes et profit » des expériences humaines se réclamant de la transformation sociale, de l’espoir à la résignation, des illusions à la pensée plate.

 

L’ouverture proposée aujourd’hui par notre société et qui se retrouve dans les organisations et les mouvements de pensée spéculatifs, qui sont notre lot, et par les mêmes qui n’en voulaient pas lorsque le PCF et le mouvement communiste étaient en situation de force pour la faire, n’est pas une ouverture, mais le passage d’une pensée unique à une pensée dissoute.

 

Ce phénomène est  général dans la société française et dans le monde. Mais ce phénomène est aussi le signe de l’usure générale du mode de production, rejeté par les NON d’une démocratie limitée mais qui s’exprime par les peuples, elle-même usée, de leur besoin de transformation.

 

Donc, perspective aussi d’explosion, de dissolution, de pourrissement, ET/OU de transformation en chantier. A nous d’y voir suffisamment clair pour que les choix soient actifs, créatifs, constructeurs.

 

Finissons par cette autre parenthèse, pourtant essentielle : la « conquête de l’espace » qui contribua un moment au prestige et au rayonnement de l’Union Soviétique, ne doit pas être considérée comme une anecdote. Elle ouvrait la voie à des techniques de transformation des moyens de production eux-mêmes porteurs de transformation du mode de production, d’évolution « saine » de la production, saine au sens donné précédemment, dans laquelle entre  la question de l’écologie, par exemple, mais pas seulement celle-là, une multitude d’autres en particulier liées aux questions dites « subjectives » et «symbolique », aux arts, etc., à toutes les formes particulières de rapport social dans les rapports sociaux.

 

Encore fallait-il que cette « conquête de l’espace » la démocratie ouvrière, la démocratie des producteurs et du salariat s’en nourrisse pour créer les conditions et l’organisation objective et subjective (c’est un mouvement uni et unique) d’un autre mode de production.

 

Ceci n’est pas une position « datée », mais au contraire remise à jour sans abandon.

 

Pierre Assante, 1er décembre 2007

 

L'ESSAI ENTIER :

http://www.pierreassante.fr/dossier/BLOG_LA_METAMORPHOSE_DU_TRAVAIL_5.pdf

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