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« …Il y a peu, très peu de voix féminines qui parviennent jusqu’à nous, depuis que vers 600 avant notre ère Sappho chanta :
La lune a fui
Et aussi les Pléiades.
Il est minuit ; l’heure passe
Mais moi je dors toute seule.
Ou bien :
L’un chante les cavaliers
L’autre la piétaille
Pour un autre une escadre
Est ce que la terre noire a de plus beau
Mais pour moi ; c’est l’amour
D’un être pour un autre.
A cette époque, Lesbos était l’un des cinq lieux en Grèce où il y avait encore des écoles pour filles –Sappho dirigeait l’une d’entre elles. C’était une femme indépendante exerçant un métier. Cela n’eut pas de suite. Après la prophétesse, celle qui lui avait succédé, la poétesse, se tut aussi, pendant des millénaires. Ce furent uniquement des hommes qui reprirent la fonction autrefois féminine, ils chantèrent la lune, l’amour, se lamentèrent sur le froid qui s’emparait de l’univers, durent assez fréquemment accepter de se voir reprocher leur « sensiblerie », « sentimentalité », « féminité » par leurs compagnons du même sexe qui étaient plus réalistes ; on leur fit surtout grief d’être « loin du réel ». Je crois qu’il devint de plus en plus difficile d’être un homme. « C’est bien d’être une femme, et pas un vainqueur » (Heiner Müller, Quartet), voilà ce que disent certains d’entre eux aujourd’hui, et cela sonne vrai.
D’un autre côté, seule la personne qui connait des conflits à quelque chose à raconter… »
Christa Wolf, Cassandre.
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