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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 09:05

 

mesure capitaliste du Temps  et Temps nouveau.

De la rapidité à moins mais mieux.

 

J’ai essayé dans « 2 questions pour procéder » de montrer le rapport entre la mesure du temps de travail déterminant la valeur marchande des valeurs d’usage que nous échangeons et employons, selon cette réalité sociale qui fait que nos conditions matérielles de vie déterminent nos mentalité et pas le contraire. Déterminations non mécaniques certes, puisque il s’agit de non de mentalité, catégorie abstraite, mais d’une infinité cependant marquée par ce que les rapports sociaux capitalistes contiennent de la mesure du temps qui est celle du capital (le TTMSN disait-on à juste titre).

Pour aller au-delà de cette démonstration limité à un moment historique donné, et pour en venir à ce qui est spécifique dans le capitalisme d’aujourd’hui (CMMNIF), il faut mettre en avant la contradiction entre ce que la productivité du capitalisme dans la révolution scientifique et technique pourrait libérer le temps et la poursuite de l’aliénation du temps à l’homme dans le maintien des rapports de production, d’échange et de consommation, dans la perpétuation anachronique des lois du capital : échange A-M-A’, suraccumulation-dévalorisation du capital. A la dissolution du principe de TTMSN (temps de travail moyen socialement nécessaire à la production d’un objet-marchandise et la détermination de sa valeur d’échange dans l’échange A-M-A’) par l’explosion de la productivité, ne correspond par un nouvel et nécessaire usage du temps. On pourrait dire qu’il s’agit d’une dissolution-rigidification des lois du capital au détriment des besoins humains, dans une contradiction croissante explosive entre possible et réel, ce qu’on retrouve dans le rapport travail prescrit/travail réel. C’est une explosion des contradictions du système, opérationnel un temps puis obsolète aujourd’hui, appelant son dépassement.

Cet anachronisme entre les capacités des moyens de production et l’usage qui en est fait pas le capital produit une déchirure dans l’usage du temps par les hommes. Il existe un possible d’usage du temps qui fut celui du créateur antique (philosophique, scientifique, historique) usant du surproduit mais ne produisant pas, étant au service d’un pouvoir exploitant sa créativité en l’exemptant de cette production agricole ou artisanale dans l’antiquité, industrielle et mécanique dans les temps plus rapprochés.

L’homme du CMMNIF (Capitalisme monopoliste mondialisé globalement financiarisé) se trouve entre deux temps, celui d’un usage du temps désaliéné et celui du temps aliéné. Il ne peut remettre en cause la RAPIDITÉ au profit du MOINS MAIS MIEUX (terme historique selon la réflexion de Lénine à la fin de sa vie par rapport aux suites de la révolution-prise de pouvoir) qui garantirait la qualité de l’usage du temps c’est-à-dire la qualité nécessaire au développement du processus humain, le rapport de l’homme à la société, à lui-même et à la nature, mis à mal par la maladie du capital.

L’illusion consistant à vouloir désimprégner les mentalités de l’imprégnation du mode d’échange en valeur marchande exacerbée du rapport au temps que contient cet échange, sans le transformer et le dépasser, fait partie de l’anticapitalisme romantique lassallien (1), lui-même imprégné d’une conception religieuse séculaire de la société marchande et aujourd’hui d’un mélenchonisme ou d’un scientisme qui ignore le processus nécessaire à une libération. Certains successeurs de la philosophie de Monod, celui de l’institut Pasteur font preuve d’usage d’une science développée pourtant coupée de la question sociale et de l’analyse du mode de production et d’échange dans lequel ils vivent pourtant de façon prégnante et contraignante.

Cette illusion consiste à ignorer le corps-soi, à scinder corps et esprit, à nier l’être social, son processus passé, sa résultante présente, l’ontologie qui l’a conduit du communisme primitif de clan et de travail collectif à aujourd’hui en passant par tous les stades de la société marchande et leur besoin de dépassement. Leur vision scientifique et leur vision sociale sont en opposition, l’une se voulant en mouvement, l’autre éternisant l’Etat présent de l’organisation générale de la société, même si elle consent une influence du mouvement des savoirs (2).

« Les verts » insistent sur l’idée qu’il faut économiser l’énergie et les matières premières contenues de façon limitée sur notre terre et leur usage par la société humaine. Souvent ils conçoivent la croissance telle qu'elle est pratiquée par le capital et ont du mal à imaginer une autre type de croissance. Pour eux la croissance est la croissance. Celle d’aujourd’hui, point. C’est s’enfermer dans le mode de production et d’échange actuel, se condamner donc à la destruction humaine et terrestre. Il n’y a pas d’issue vers une qualité de la croissance économisant la terre et les hommes sans une transformation qualitative du mode de production et d’échange en commençant immédiatement à s’attaquer à la financiarisation, à l’usage actuel de la production monétaire, par la BCE entre autre,  qui est la pointe extrême du libéralisme, de l’échange Argent-Marchandise-Argent plus (A-M-A') par le capital. Une entité qui ne croît pas est comme un enfant qui meurt. La question est une croissance en santé qui permette à l’entité d’aller jusqu’au bout de sa vie et transmettre en spirale, en cercle croissant, son existence.

Et c’est bien là que le bât blesse. La résistance du capital par tous les moyens les plus puissants et les plus sophistiqués pour empêcher la transformation du mode de production et d’échange imprègne la société et les hommes et l’imprégnation consiste aussi en l’aliénation du temps.

La libération du temps,  la libération de l’exploitation, de la vente-achat de la force de travail, et la libération des despotismes d’Etat vont de pair.

Le rapport en santé aux nécessités, à l’anankè en mouvement en fonction du développement des capacités humaines, passe par l’usage en santé du temps, et sa libération de sa mesure pour déterminer la valeur marchande des valeurs d’usage, pour rendre aux valeurs d’usage une circulation en fonction des besoins et non du taux de profit, ce que peut permettre la productivité de l’industrie numérisée, l’automation, et la mondialisation mettant en commun les forces humaines de production et de pensée. « Artisanat » nouveau de développement des capacités, en opposition à l’aliénation des gestes  de la production dans le  capitalisme industriel (aliénation du travail par la division du travail manuel et intellectuel, jusqu’à la croissance actuelle exponentielle de la masse de l’armée de réserve des travailleurs, des producteurs), et recherche pratiquée par tous pourront être le nouvel usage du temps, la liberté et la propriété de l’homme nouveau s’attaquant à la préhension  de son univers et d’une conscience universelle en mouvement progressif, qui vont de pair.

Pierrot, samedi 23 février 2019

(1) Je crois qu'on pourrait considérer le romantisme allemand originel, celui de la bourgeoisie allemande aristocratique, politiquement impuissante dans un système encore quasiment féodal, aux forces productives capitalistes insuffisamment développées, lorgnant aussi sur l’Angleterre et son industrie ; ses philosophes et ses artistes, romantisme éclairé (Aufklarung) aussi par la bourgeoisie révolutionnaire française en action, romantiques allemands révolutionnaires en avance sur leur temps et en théorie sur la révolution bourgeoise, par rapport au néo-romantisme qui a suivi, y compris en Allemagne et ici même aujourd'hui, qui n'en est qu'une copie figée, anachronique, ridicule. En avance y compris sur la traduction de la praxis politique d’un Marivaux ou d’un Beaumarchais. Marx et Engels, leur analyse du capital en Angleterre et du capital tout court par extension, ne sont pas nés de rien… Mais cette avance a son revers de médaille, dont l’histoire allemande, la nôtre ici en France et celle de l’Europe et du Monde a fait les frais et auquel il faut porter remède. Remède au romantisme.

(2) Exemple récent, « Le bug humain », Sébastien Bolher, développe un savoir certain, mais où cerveau et société sont dissociés, malgré l’argument comportementiste insidieux et faux de la relation du cerveau à la société , et mis de fait objectivement, volontairement ou pas, au service du système actuel et du pouvoir actuel. Il n'en faudrait pourtant pas beaucoup pour basculer de cette vision comportementaliste et sociétale à une vision et une action sociale.

 

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commentaires

B
La plupart des économistes de gauche ne font pas référence aux travaux de P. BOCCARA . Ils font le plus souvent référence a Keynes .Ils aménagent le système ,sans le dépasser .Ils pensent que l'Etat peut prévenir les crises ou les amortir .( Mélenchon , tente de réhabilité la sociale-démocratie .Ce que le capital ne veut pas faire ,il le fait faire par l'Etat ) Pourtant Marx a démontré que les crises ne sont pas des accidents ,que l'on pourrait éviter simplement par l'intervention de l'Etat . C'est oublier que c'est le principe meme du capitalisme , c'est a dire ,la recherche du taux de profit maximum , qui par son succès meme mine les conditions de la production de profits .(Baisse du taux ) .Les crises ne tombent pas du ciel ,mais viennent du coeur de la logique du capitalisme .On peut atténuer pour un temps les conséquences des crises par l'intervention de l'Etat , mais cela n'empèche pas l'accumulation de se poursuivre et les crises a venir . ( Voir programme du CNR ) .Il nous faut aller plus loin . Voir aussi : " Le capitalisme monopoliste d'Etat social ,sa crise et son issue " de P. BOCCARA . C'est au dépassement progressif du capitalisme mondialisé et financiarisé en crise radicale qu'il faut s'atteler .
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