Domination et exploitation. femmes et hommes. organisation sociale.
La distinction entre domination sexiste et exploitation de classe fait partie du débat démocratique dans le développement des protestations des subalternes, au sens que donne Antonio Gramsci à ce mot. Dans l’effort de rassemblement des protestations pour trouver une issue aux douleurs sociales qu’elles manifestent, le débat n’est pas sans importance théorique et pratique.
Il est nécessaire de distinguer les processus qui ont développé les dominations indépendamment des oppressions de classe, des oppressions de classe dues à la domination issue du développement animal et des oppression de classe dues aux structures propres des systèmes économiques et sociaux, des lois de développement et d’évolution des systèmes économiques et sociaux : les contradictions systémiques du mode de production et d’échange sont à la fois cachées et révélées par les expériences humaines au jour le jour et par une vision qui se veut à long terme mais insuffisamment consciente des processus micros et du processus macro. Et il faut comprendre comment, au-delà des évolutions propres des espèces, leurs lois animales de survie, comment se sont formées les mentalités humaines préhistoriques, et historiques.
Comprendre les processus, comprendre qu’il n’y a pas d’éternité dans les comportements et mentalités, qu’ils évoluent historiquement, en fonction des besoins et des pesanteurs de l’évolution de l’espèce et les pesanteurs des évolutions sociales, que les constantes elles-mêmes n’ont pas d’éternité, et que la continuité et la discrétion fonctionnent par sauts qualitatifs, n’est pas sans rapport avec les luttes contre les divisions humaines handicapant les coopérations et les solidarités.
L’organisation économique et sociale peut répondre à des nécessités naturelles en les transformant pour donner à la condition humaine des moyens nouveaux contredisant les « handicaps naturels » et dépassant les oppositions d’intérêts non systémiques, non liés directement au mode de production et de division de classes, mais en dépendant, qui se manifestent dans les racismes et-ou la guerre des pauvres par exemple.
Que l’invention du biberon et l’élevage bovin ou ovin permette à un mâle de l’espèce humaine d’assumer en partie le rôle nourricier de la femelle de l’espèce humaine est un exemple stupide de simplicité. De même que la Sécurité Sociale et la médecine transforment la maladie et le danger de mort en passage surmontable, démontrent que les nécessités sont différentes en fonction d’une période historique et de moyens que l’organisation économique, sociale et politique procure.
Que devient la plus faible mobilité de la femme dans la préhistoire ? : une situation préhistorique qui crée les conditions d’un pré-artisanat non marchand dans le clan, un développement du travail favorisant le matriarcat, un développement des techniques et de la division du travail des entités de chasseurs-cueilleurs. Que deviennent les forces productives dans le développement de la production, l’augmentation des capacités d’échange entre groupes humains ? : elles permettent le développement de l’échange marchand, de l’accumulation privée, de la transformation de la domination masculine à partir du triple élément de domination animale de survie, de domination préhistorique découlant de la division homme/femme du travail, des lois propres de développement du mode de production à un moment historique particulier.
Certes ces exemples ne peuvent que conduire à un schéma dogmatique si l’on n’entre pas profondément dans la connaissance de l’ensemble des processus de développement, celui des techniques comme celui de l’organisation sociale, comme celui de la pensée et de la conscience, qui « fonctionnent », se meuvent, certes de façon relativement autonome, qui connaissent des inégalités de développement les uns par rapports aux autres, mais qui « fonctionnent », se meuvent et évoluent en unité de mouvement.
A partir de là on comprend que les pesanteurs animales comme les pesanteurs sociales n’ont rien d’immuable, que si les dominations sont un héritage de la pesanteur animale, et ne peuvent échapper à la condition d’animal pensant qui est la nôtre, qu’elle peuvent se distinguer des dominations de classes, elles sont les unes et les autres à la fois autonomes relativement les unes des autre mais totalement liées et inséparable de la situation historique et du mode de production basé à la fois sur la subalternité et l’accumulation privée.
Ce qui s’en suit est décrit dans les articles analysant le mouvement des forces productives, les lois de développement propres à un mode de production dans les diversités de développement mais dans les caractéristiques propres du mode de production et d’échange, et l’organisation de la société qui en découle, toujours dans les diversités de développement mais dans les caractéristiques propres du mode de production et d’échange.
Le capitalisme monopoliste mondialisé numériquement informationnalisé globalement financiarisé n’est pas la fin de l’histoire sauf à détruire la vie humaine comme le ferait un énorme cataclysme naturel, ce qui n’est ni écrit ni fatal. Au contraire la transformation de l’usage des forces productive dans une évolution de la coopération et de la solidarité « matérielle et morale » sortant progressivement de l’accumulation privée et libérant le travail du système de sa vente-achat de sa force dans l’échange A-M-A’, est une perspective des plus possible et nécessaire.
La domination masculine et la domination de classe, issues de péri ondes animales, préhistoriques et historiques, ont partie liée dans la société marchande, et dans la société marchande capitaliste à son paroxysme de fin d’évolution et de fin de développement de la société marchande et de droit. Distinguer les dominations, oui, les voir indépendantes non. Il est une vision majoritaire issue des conditions historiques de vie ici et maintenant dans le monde humain, qui a tendance à confondre indépendance des mouvements et autonomie des mouvements. Oui, la domination masculine « fonctionne » dans une autonomie relative, mais non indépendamment des conditions générales du système. Imaginer dépasser cette domination sans dépasser la domination de classe incarnée dans le pouvoir d’usage mondialisé du capital et de l’accumulation privée au bord de la socialisation absolue mais y résistant atrocement pour tous les êtres humains, c’est renforcer les division entre les êtres humains, que cultive la domination de classe (1).
Se rassembler n’est possible que dans l’alliance des subalternes qui constituent l’immense majorité des humains dans le monde. Ce qui n’empêche de voir la réalité du soulèvement des femmes dans la beauté de leur paroles et de leurs actes pour une égalité de droit et de fait de l’humanité dans l’infinité de sa diversité et l’infinité de ses activités et l’infinité des luttes de résolution des contradiction des mouvement de la société et de la nature sur terre et dans l’univers.
Dépasser la crise de suraccumulation-dévalorisation du capital au paroxysme du capitalisme et de la forme hyperlibérale et hyperprésidentielle qui est la sienne nécessite une autre organisation du travail et de la politique, de la gestion de la cité micro, macro et mondiale.
Pierre Assante. Mercredi 27 novembre 2019.
(1) "C’est dans le rapport à l’égard de la femme, proie et servante de la volupté collective, que s’exprime l’infinie dégradation dans laquelle se trouve L’homme vis-à-vis de lui-même…. ….Le rapport immédiat, naturel, nécessaire, de l’homme [générique] à l’homme [générique] se confond avec le rapport de l’homme à la femme… ….Dans ce rapport apparaît donc de façon sensible, comme un fait concret, à quel point l’essence humaine est devenue naturelle pour l’homme [générique], à quel point la nature est devenue l’essence humaine de l’homme…. ….En partant de ce rapport, on peut donc juger du niveau culturel de l’homme….. …..Le rapport de l’homme à la femme est le rapport le plus naturel de l’homme à l’homme….. …..Dans ce rapport, apparaît aussi dans quelle mesure le besoin de l’homme est devenu un besoin humain, donc dans quelle mesure l’autre homme en tant que tel est devenu un besoin pour l’homme, dans quelle mesure l’homme dans son existence la plus individuelle est devenu en même temps un être social…."
Karl Marx. 1844
L’HUMANITE ENTRE DANS SON ADOLESCENCE.
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