LA CRISE SYSTÉMIQUE, EUROPE ET MONDE, QUELLES RÉPONSES par PAUL BOCCARA vient de paraître
Éditions Espere Le Temps des Cerises. 15 €. En vente à Economie & Politique, bureau 324, tel:01 40 40 13 47 .
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2 place du colonel Fabien. 75019 Paris
Plus qu’un compte rendu, ceci est un commentaire personnel à partir des concepts développés dans cet ouvrage essentiel, attendu et nécessaire, et à partir de mes propres réflexions :
Provoquer une catharsis par un éclair rapide et puissant sur la crise systémique du capitalisme
Tout d’abord donner une vision des stades de développement du capital.
Dans leur réalité et non dans l’hypothèse toute faite de leur devenir.
Pour agir sur leur devenir.
Envisageons de schématiser à partir d’un choix volontaire de réalités de son développement
1 Le stade de la mécanisation.
2 Le stade de l’automation
3 Le stade de l’informationnalisation mondialisée
Chaque stade a démultiplié les capacités de la force de travail, les capacités productives, les capacités de surtravail, de plus value, les capacités d’accumulation et de suraccumulation du capital, de contradiction entre développement technique et culturel et profit capitaliste.
Chacun a démultiplié l’acquis « scientifique, technique, culturel » particulier et global du processus humain dans sa diversité et son unité.
Ce n’est pas parce que l’activité humaine, parmi laquelle « les services », dans sa totalité devient subsumée par le capital que la production du capital ne s’effectue pas dans la production dite matérielle.
C’est la première caractéristique de la crise actuelle contenue dans l’opposition contradictoire entre subsomption par le capital de toutes les activités d’une part, et renforcement du rôle propre de la production matérielle et de la classe ouvrière dans le salariat d’autre part.
C’est parce que la masse du profit augmente démesurément que la baisse tendancielle du profit s’accentue et entre en crise irréversible.
C’est parce que croît démesurément, et c’est une loi tendance « congénitale » du capital, la part du capital accumulé non réinvestie dans la production mais dans la spéculation, que la part du surproduit, la part de la plus value qui croît de même entre dans une contradiction explosive.
Tous ces phénomènes peuvent se résumer par l’illustration et la réalité suivante :
Alors que dans la deuxième phase de développement du capital, la plus value relative prenait le pas sur la plus value absolue, conséquemment au fait de l’automatisation qui a induit ce que Paul Boccara (1) nomme le Capitalisme monopoliste d’Etat Social, que,
1 dans la contradiction, dans l'unité des contraires, à l’opposé de la masse du capital spéculatif,
2 a tendance à croître de nouveau la plus value absolue
3 et que cette fois ce n’est pas un phénomène seulement conjoncturel local, mais une tendance globale dont la création des dettes souveraines payées par le travail, par la plus value absolue est une des manifestations.
Cette opposition de la plus value relative et de la plus value absolue constitue l’élément révélateur de la crise systémique entrée dans sa phase mondialement informationnalisée, nouvelle.
Cette opposition se manifestée aussi dans la crise de la démocratie bourgeoise tiraillée entre deux conditions du profit et par conséquent deux méthodes de gestion de la société, dans laquelle le marché se trouve doublement en contradiction.
La résolution économique est dans la résolution de l’organisation du travail, et vice versa, la résolution de la libération de l’activité humaine, comme l’envisage sans doute un travail de recherche tel que celui d’Yves Schwartz. Les deux libérations en une, de l’activité et de l’économie et ses solutions spécifiques « en dernière instance », c’est le développement par l’acte volontaire de l’humanité, dans la lutte des classes, de tendre, à un rythme plus ou moins rapide en fonction du développement et de la crise et de ses contenus transformateurs, c’est le développement donc de la recherche de la cohérence de l’activité de la personne, de l’être social, dans la cohérence de l’activité globale de la société dans elle-même et dans la nature.
L’humanité c’est la conscience de la nature sur elle-même, comme le disait Marx, les deux en une et en processus, en développement. La "démocratie du producteur", du "que et comment produire", question que (re)-posait Enrico Berlinguer dès 1971 dans l'Italie en crise, et question centrale posée par le marxisme dès son origine, répondant à la question centrale posée par la réalité du capitalisme, est la clef de voute de toute les réponses à la crise. C'est en agissant par tous les moyens économiques, médiatiques, militaires, institutionnels, contre l'organisation de cette démocratie du producteur, que le capital maintient sa domination et oriente la société vers son auto destruction. Il fut un temps où l'on entendit "plutôt Hitler que le Front Populaire". Il s'agit de la même tactique suicidaire sous une autre forme.
La multiplication (et le fractionnement à l'infini) de toutes les "logiques d'école", des "logiques faussement collectives", considérée par certains théoriciens de l'économie et par certains philosophes comme un mal nécéssaire correspondant à la reconnaissance de l'individu, n'est que le reflet d'une incohérence voulue par le capital; c'est le négatif de la liberté de pensée et d'agir, de la démocratie généralisée à celle du producteur, c'est la caricature du pluralisme démocratique; c'est l'incohérence au service des dominations; c'est la transformation de la pensée unique en pensée dissoute. C'est le négatif du rassemblement de la personne humaine et de sa libération, de son affirmation dans une cohérence maintenant en santé et son processus propre et le processus de l'humanité.
L'initiative, la créativité, la liberté de la personne humaine ne peuvent être libérées que dans le développement de l'être social. Leur complexification, leur transformation qualitative à des "niveaux supérieurs" sans cesse en mouvement ont besoin de leur racine sociale comme de leur racine biologique.
Ainsi économie et ergologie sont associées objectivement et doivent l’être aussi subjectivement, à cette transformation, et toutes deux relèvent et de la volonté humaine et donc du développement de la conscience des conditions « matérielles et morales » de cette transformation. Conscience et non téléologie, conscience c'est-à-dire actes bifurcateurs, expérimentations, avancées et « retours » et non marche forcée à partir de modèles théoriques intangibles.
Pierre Assante, 2 octobre 2011
P.S. Echanger dans un débat sur ces questions nous serait, il me semble, utile.
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